Un éclat de glace au milieu de la tempête...[PV Alexei]

Depuis quelques jours, il fallait bien se montrer prudent. Depuis quelques jour, l'atroce temps qui régnait sur Artai ne gênait même plus Alexei. Il avait choisi la région un peu au hasard, mais peut-être un peu pour son passé trouble des dernières années. C'était ce pays qui avait mené la guerre contre les otome, cinq ans auparavant. Vaincu à l'époque, il se relevait lentement mais restait un peu en marge, alors on y était un peu moins tatillon sur les allées et venues des gens.
D'un certain côté, le barman avait, semble t-il, apprécié de voir arriver quelqu'un de l'extérieur, qui allait reverser un peu de son argent dans les boissons et même dans un chambre à coucher. L'homme qui, maintenant, buvait un café tranquillement dans son coin, aidait sans s'en soucier au relancement économique de la région. Bel acte humanitaire que de faire du tourisme en un tel lieu. Et pourtant, cela n'avait vraiment rien à voir avec un voyage d'agrément.

Sirotant son breuvage bien tranquillement, il jetait parfois un coup d'œil aux possibles arrivants, aux buveurs inconditionnels, et aux gens qui paraissaient étonnés par son allure. Mais aucune menace ne s'était jamais présentée. Du moins, jusqu'à ce moment.
De sa place, il voyait l'extérieur. Avec du mal, certes, mais la neige n'empêchait pas de se dessiner de sombres silhouettes quand elles venaient par ici. C'était le cas, quelqu'un était venu, était même arrivé en ces lieux pour faire comme tout ce beau monde : consommer. À la différence près qu'il émanait de cette personne une aura différente. D'après ce qu'Alexei pouvait comprendre, elle était importante. Cette jeune femme qui avait franchit la porte et condamné tout le monde au silence pendant un moment n'avait rien fait de plus, sinon croiser son regard un instant.

C'est surement à partir de là que les soupçons de l'homme se renforcèrent, se confirmant presque. Il devait analysait celle-ci, cherchait à savoir qui elle était, et pourquoi il ressentait une froideur étrange depuis qu'elle avait mit les pieds dans ce bar. Mais s'il l'observait avec trop d'insistance, le voyageur avait l'impression qu'il allait fondre sur place. Alors en essayant de garder son éternel calme, il laissait son café le réchauffer. C'était plus doux qu'il ne l'aurait cru, plus réconfortant qu'aucune gorgée précédente. La chaleur du liquide noir le faisait presque oublier la présence féminine, ou du moins les ondes qu'il jugeait négatives.
Reposant finalement sa tasse, il l'observa néanmoins à son tour, avec un aplomb retrouvé. Ce n'était pas son genre d'avoir une petite frayeur pour si peu. Il avait rencontré bien des gens par le passé, elle ne pouvait qu'en être une de plus. Etrangement assurée et comme crainte dans la région, apparemment, mais sans doute pas bien méchante. Faisant signe au barman pour qu'il vienne le voir, il plongea ensuite son regard dans celui de la jeune femme, cherchant toujours à trouver ce qui faisait son mystère...

La conversation ne tournait toujours pas à l'avantage de l'homme, et finirait bien par lui jouer des tours, si elle continuait ainsi. Bien qu'il reste plutôt calme, et que ce ne soit pas dans ses habitudes de paniquer, ou s'en faire pour rien, il sentait parfaitement que la tension montait, et que tout ne finirait pas aussi bien que ça avait commencé.
La jeune femme se disait outrée, ou quelque chose comme ça, ce qui lui fit hocher lentement la tête sans chercher à s'en inquiéter. N'avait-elle pas été à l'origine de tout ça ? Elle l'avait tout de même cherché sans motif, l'avait légèrement provoqué, surement dans le but d'en arriver là. Et bien soit, il était temps pour lui d'y aller. Trop tard !

Des armes furent rapidement pointées sur lui, comme il avait vu la chose se préparer et arriver bien trop vite. Des soldats d'Artai. Tiens, tiens, comme c'était étrange, tout convenait trop bien avec ses idées personnelles. La politique, la technologie, la puissance militaire, tout était entre les mains des puissants, et ils n'hésitaient pas à en abuser, comme présentement.
L'homme se redressa. De toute façon, s'il ne l'avait pas fait lui-même, quelqu'un l'aurait très probablement fait à sa place. L'envie de se défendre était grande, mais ce serait très certainement trop tôt. Il n'avait sur lui qu'un briquet, pour toute arme offensive. Voilà qui ne lui permettrait pas d'aller loin, et ces maudits soldats étaient surement parfaitement ignifugés. Comme la femme, d'ailleurs. Il se souviendrait longuement d'elle. Souriant aux paroles qu'elle proférait contre lui, pour l'inculper et le condamner à de l'emprisonnement, visiblement, il se laissa maltraiter comme il le fallait dans ce genre de cas.



Il était à moitié amusé en disant cela. Le sort lui jouait un bien mauvais tour, en ce moment, mais il ne pouvait désespérer pour si peu. Il n'allait pas passer sa vie dans la prison d'Artai, les motifs qui lui étaient reprochés n'avaient rien de fatals. Toutefois, il allait pouvoir être au calme, logé, nourrit et blanchi pendant quelques temps, et il pourrait réfléchir plus tranquillement à ses idées. Son plan se mettrait en place, quoi qu'il arrive.
Alors il se laissa emporter. Et il faisait froid dehors. Mais qu'importe, bientôt il aurait quatre murs et un toit pour l'abriter. Et surement qu'il trouverait aussi là-bas quelqu'un pour l'en sortir. Jamais il ne resterait privé de sa liberté, c'était ce qu'il s'était promis à lui-même, et rien ne l'empêcherait d'y parvenir...